Paris mon amour

Paris mon amour,

Tu sais combien j’ai pleuré quand nous avons pris la décision de partir vivre à Aix. Aussi douce et agréable soit la vie en Provence, je n’ai pas réussi à te quitter totalement, à rompre le lien qui nous unit depuis que j’ai 6 ans, depuis la première fois que je suis venue te voir et que je suis tombée profondément amoureuse de toi.

Tu sais ce sentiment qui étreignait mon coeur à chaque fois que je sortais du TGV ces deux dernières années, ce sentiment incontrôlable d’être rentrée à la maison, d’être bien, ce bonheur de déambuler dans tes rues, d’admirer ta beauté et ta vie, de sortir avec mes amis, de travailler avec des gens supers.

Aujourd’hui tu sais combien je pleure. Je pleure nos morts, je pleure notre innocence perdue, je pleure notre insouciance envolée, je pleure d’angoisse et de peur face à ce qui nous attend encore.
Cela fait trois jours que je pleure, trois jours de deuil national et de deuil dans mon coeur.

« Et alors ? – je t’entends me dire – vas-tu pleurer encore longtemps ? ».
Oui, mon coeur va continuer de saigner, mais oui, je serais là en fin de semaine pour signer l’achat de ce petit appartement dans le 11ème. Oui, il est à quelques rues seulement de là où il y a eu les attentats, oui, à une semaine près j’aurais pu y être, oui je suis consciente que j’y serais peut-être la prochaine fois, et oui j’ai peur…

Et alors ? – comme tu le dis. Il faut bien continuer à vivre, à aimer, à avoir des projets, à travailler, à se sentir libre, à y croire.
Même si je t’avoue qu’aujourd’hui, le choix de la couleur de la future porte de la salle de bain ou le sujet de ma prochaine vidéo de recette me semblent bien inutiles et futiles.
Mais n’est-ce pas ça la vie ? Une somme de petites choses futiles ? Et n’est-ce pas ça le bonheur ? Cette capacité à prendre du plaisir et à voir de la beauté dans chacune de ces petites choses futiles ?
Si, j’en suis convaincue, ces choses sont essentielles, et aujourd’hui encore plus qu’hier. Compte sur moi.

Annelyse